Votation fédérale sur la loi Covid : Pouvoir vivre avec le virus

 


Malgré le tintamarre des opposants, les ressources financières dont ils disposent (de quoi se payer deux pages entières dans "20 Minutes", entre autres) , leur usage intensif de la prédiction dystopique (si la loi est adoptée, on se retrouvera en Chine avec un "contrôle total" du gouvernement "sur la vie des citoyennes et citoyens") et les 750 recours qu'ils ont déposé dans les cantons au prétexte que le bulletin de vote ne mentionnait pas le pass covid (que toute leur campagne met en avant, au cas où on aurait un doute...)  la loi Covid semble plutôt partie pour être ratifiée par le peuple, une deuxième fois (dans une  augmentée par rapport à celle déjà acceptée) : les derniers sondages qui accordaient une majorité des deux tiers du corps électoral, et les sympathisants UDC étaient les seuls à être majoritairement partisans de lui dire "non". Ce soutien probable à la loi n'est pas enthousiaste, mais rationnel : son dispositif est en tout cas utile, voire nécessaire, pour surmonter la crise sanitaire et sociale provoquée par la Covid. Sans interventions publiques fortes, la coronapandémie aurait peut-être fait quarante fois plus de victimes qu'elle n'en a fait, et aurait provoqué une crise économique et sociale ravageuse. Il fallait faire ce qui a été fait, et il faut encore pouvoir faire ce qu'on peut faire...  Ce dont il s'agit, après tout, c'est de nous donner à toutes et tous la possibilité de vivre avec le coronavirus. Puisqu'il est là. Et qu'on ne le fera pas partir en se secouant les grelots...


Un virus ne se combat pas en sonnant des cloches, qu'elles soient de vaches ou de tocsin...

Ce qui est soumis à notre sagacité et dont nous aurons jugé dimanche, ce sont les modifications apportées à une loi que nous avons déjà acceptée. On a déjà voté, et on ne revotera pas, sur la capacité du pouvoir politique de fermer des établissements publics ou privés, interdire des manifestations et des événements, imposer le port du masque, promouvoir la vaccination ou décider de confinements. Tout cela, on l'a accepté (à une majorité de 60 %) en votation le 13 juin dernier. Dimanche, on votera uniquement sur les aides financières supplémentaires proposées aux personnes et aux institutions qui n'ont pas été soutenues, ou pas suffisamment, jusqu'à présent, et sur la base légale du certificat Covid. De quelles aides financière décide-t-on dimanche ? sur l'aide pour les cas de rigueur, les allocations pour perte de gain, les allocations chômage (partiel ou complet), les aides aux clubs de sport professionnel, aux institutions d'accueil extra-familial d'enfants, aux media... Si la loi est rejetée, ce sont ces apports à son ancienne version qui le seront : la loi acceptée en juin restera en vigueur jusqu'au 19 mars. Et après ? On attend la "sixième vague" pour retomber dans le "droit de nécessité" qui donne tout pouvoir au Conseil fédéral ?

La loi soumise au vote contient également des dispositions concernant le traçage des contacts, les exemptions de quarantaine, la mise en oeuvre des tests... et le certificat Covid. Il gêne, ce certificat ? Oui, il gêne...un peu... Il restreint nos libertés ? Pas vraiment (il nous permet en tout cas de voyage...). Il gêne moins, en tout cas, que les fermetures de commerces, de services, de lieux, qu'il évite. Et guère plus qu'un permis de conduire. La loi Covid permet la mise en place d'un système de traçage de nos contacts ? oui, mais nous sommes déjà tracés par nos téléphones portables, et guère plus que nos cartes bancaires ou nos cartes de fidélité Migros ou Coop... Quant au port obligatoire du masque dans les transports publics, à la possibilité de décréter des confinements, de fermer des établissements ou d'interdire des manifestations, elle dépend d'une autre loi (la loi sur les épidémies) que celle sur laquelle on vote, et le résultat de dimanche n'y changera rien.

Avec, en gros, 70 % de personnes vaccinées, la Suisse est dans une situation à peine meilleure que celle de l'Autriche en octobre. A Genève, le professeur Antoine Flahaut prévient : "nul ne peut affirmer que nous n'aurons pas à reconfiner bientôt nos sociétés", avec toutes les conséquences sociales et économiques qu'on a d'autant moins de peine à imaginer qu'on les a connues lors de la "première vague". Les mesures prises alors ont limité les dégâts. Les mesures autorisées par la loi soumise au vote de dimanche sont indispensables pour les limiter à nouveau, et éviter un reconfinement. Là encore, on a le choix entre "pas assez" et "rien du tout"... Un pis aller, encore, comme si cette pandémie ne nous avait rien appris de neuf depuis deux ans.

Il est vrai que certains n'ont toujours rien appris de la peste noire du XIVe siècle, même pas qu'un virus ne se combat pas en sonnant des cloches, qu'elles soient de vaches ou de tocsin...





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