Plus de 60 000 signatures contre le financement de Frontex : NON à la forteresse Europe !

"Malgré la distance sociale, le froid hivernal et les vents politiques contraires", plus de 60 000 signatures ont été récoltées pour le "référendum contre le financement de l'agence de contrôle des frontières Frontex". Ce résultat, c'est celui de la mobilisation de petites organisations de base, et de personnes motivées par un enjeu qui va bien au-delà des 61 millions que la Suisse officielle veut accorder à la milice anti-migrants de l'Union Européenne. Ce résultat, acquis dans les derniers jours du délai légal,  exprime un refus de la politique migratoire de l'Europe (au sens large, puisque la Suisse en est), une affirmation du droit d'asile et de la liberté de circulation des humains.  

Si l'humanité était vouée à rester chez elle, il n'y aurait d'humains qu'en Afrique.

4404 migrants sont morts ou ont disparu l’an dernier lors de leur traversée en mer vers l’Espagne, soit douze par jour, deux fois plus qu’en 2020, selon un bilan publié par l’ONG Caminando Fronteras. Les corps de la quasi-totalité d’entre eux (94%) n’ont jamais été retrouvés et sont donc comptabilisés comme disparus. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui a recensé, pour sa part, au moins 955 morts ou disparus dans la traversée vers l’archipel des Canaries et 324 vers l’Espagne continentale et l’archipel des Baléares depuis le Maroc et l’Algérie. L'OIM considère que 2021 a été l'année la plus meurtrière depuis 1997.  Au moins 37 385 migrants sont arrivés sur les côtes espagnoles en 2021, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. L’Espagne demeure l’une des principales portes d’entrée des migrants clandestins en Europe. Cela, c'est le prix de la fermeture de la "forteresse Europe" aux migrants non-européens, autrement dit à l'immigration "extérieure".

De cette fermeture, Frontex est l'instrument. Et l'Europe pas le seul terrain, mais si Trump avait bien commencé à  construire un mur avec le Mexique, entre l'Afrique et elle, l'Europe n'en a pas besoin : la Méditerranée en fait office. De mur, et de fosse commune. Il ne reste plus alors qu'à payer la Libye ou la Turquie pour stocker chez elles les migrants dont l'Europe ne veut pas. Dans les six premiers mois de 2021, les garde-côte libyens ont intercepté en mer, et ramené dans de véritables camps de concentration, 15'000 migrants. Sans faire cesser la migration. Car les raisons qui poussent les migrants africains vers l'Europe ont moins de poids que les raisons qui les poussent à quitter l'Afrique, ce qui a pour conséquence que les mesures dissuasives de la migration, prises par l'Europe, ne dissuadent que ceux qui hésitaient déjà à partir, et que la pauvreté, les persécutions politiques ou religieuses, le traitement réservés aux migrants dans les camps de rétention hors d'Europe, ne cesseront pas de pousser des milliers de personnes à tenter une traversée qu'elles savent extrêmement dangereuse, d'autant que les navires humanitaires menant des missions de sauvetage sont désormais entravés dans ces actions par les Etats riverains, notamment l'Italie et Malte.

Et puis, il y a les murs que l'on construit sur terre, en Europe même : en octobre 2021, douze Etats membres de l'Union Européenne réclament à la Commission un financement pour l'édification d'un mur d'enceinte aux frontières extérieures de l'Union. D'entre les signataires, outre une majorité d'Etats de l'ancien bloc soviétique, derrière le "rideau de fer", et vouant en édifier un nouveau, on trouve la Grèce, Chypre (elle-même divisée par un mur...), l'Autriche, le Danemark. A quoi servirait ce mur ? les gouvernements qui le demandent sont souvent bien placés pour savoir qu'un mur se peut toujours franchir, légalement ou non. A qui servirait ce mur ? aux passeurs, qui vivent de la difficulté de passer. Mais peu importe à ceux qui demandent qu'on le construise : ce n'est pas pour décourager les immigrants, c'est pour satisfaire les indigènes et obtenir leurs suffrages qu'ils veulent le construire. Du coup, on n'a jamais vu depuis la chute du mur de Berlin autant de frontières fermées par des murs si longs. C'est rassurant, un mur, en temps de crise. Même si ça contribue à aggraver la crise. Et à enrichir les passeurs. Et les constructeurs des murs. Et les fabricants et les vendeurs d’équipements de surveillance dont on va garnir les murs.

Si l'aboutissement du référendum contre Frontex est confirmé, le peuple suisse votera. Il sera le premier en Europe à le faire sur cette milice anti-migrants. Ce sera pour nous l'occasion de répéter, à satiété, en scandant "Oui à la liberté de mouvement, NON au développement de Frontex", que la migration n'est pas une situation de crise, ou plutôt ne l'est-elle que quand on veut l'entraver (comme Jules Cesar le fit de celle des Helvètes...), c'est une situation normale pour une espèce, la nôtre, qui a migré partout pour peupler toute la planète, en partant d'abord d'Afrique.

Si l'humanité était vouée à rester chez elle, il n'y aurait d'humains qu'en Afrique. 

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