Fonds de tiroir

 Feuilleton politique local (on ne s'en lasse pas), les aventures de la gauche de la gauche genevoise ont connu un nouvel épisode : «Résistons!», la dernière scission en date au sein de la si bien nommée «Ensemble à Gau-che», a invité à son siège ses anciens camarades de SolidaritéS, le Parti du Travail et le DAL, à «refonder Ensemble à Gauche» (au départ, «Résistons!» voulait pourtant en finir avec cette coalition pour constituer un grand parti populaire de gauche...). But immédiat de l'exercice : accoucher d'un programme commun et d'une liste unique capable de franchir la barre du quorum de 7 % aux prochaines élections cantonales. On voit mal en effet plusieurs listes con-currentes rendre possible ne serait-ce qu'à une seule d'entre elle de franchir cette barre, quand aux Municipales en Ville de Genève, alors qu'il n'y avait «que» deux listes, celle d'«Ensemble à Gauche» sans le Parti du travail n'a réussi que de justesse à la franchir (le Parti du Tavail n'y parvenant pas, malgré l'excellent score de sa candidate à l'Exécutif, Maria Pérez). Bref, y'a le feu au lac. L'invitation de «Résistons!» aux autres composantes d'«Ensemble à Gauche», que la nou-velle organisation a quitté il y a deux ans mais dont elle place toujours le logo sur ses affiches,  a été prise par ses destinataires comme quelque chose d'intermédiaire entre la plaisanterie et le traquenard : SolidaritéS a répon-du en substance qu'elle ne pouvait pas travailler avec des gens qui ne respectent même pas leurs propres règles, le DAL qu'il n'avait pas l'in-tention de participer à une réunion avec des gens «intransigeants et prati-quant la loi du plus fort», et au fonctionnement «problématique», ajoute le Parti du Travail... C'est fou ce que la gauche de la gauche genevoise ressemble à la gauche française...  

Donc, le Conseiller national PLR Christhihan Lüscher a eu cette idée gé-niale, pour sceller l'unité de la droite genevoise pour les prochaines élec-tions cantonale, de présenter une liste de quatre candidates au Conseil d'Etat (deux PLR, une UDC, une du Centre). C'est pas par féminisme que la Luche propose d'exclure les mâles cisgenres de la liste de droite comme dans une vulgaire fête de ludothèque du Petit-Saconnex, c'est surtout pour essayer de virer à la fois la Conseillère d'Etat verte Fabienne Fischer qui a piqué un des deux sièges du PLR (avec l'aide de Maudet, il est vrai) et le Conseiller d'Etat du Centre Serge Dal Busco, qui mène une politique des transports que la droite exècre. Le président du parti a gentiment ren-voyé la Luche dans son coin : «le citoyen et Conseiller national Lüscher peut avoir beaucoup d'idées, mais c'est aux membres du PLR genevois de se déterminer» et «le débat autour de ces questions serait plus à sa place mené au sein du parti qu'à l'exté-rieur», il a dit, Bertrand Reich. Le président a aussi observé que la proposition lüschérienne «laisse tota-lement de côté les Vert'libéraux» (avec lesquels le Centre est assez tenté de passer une alliance qui scellerait la fin de la vieille Entente bourgeoise, crée... en 1936. Quant à faire la peau de Serge Dal Busco, «cette décision appartient au parti du Centre». Déjà qu'il pouvait plus garer son scoot sur les trottoirs, Lüscher, voilà qu'il peut même plus garer ses propositions devant le siège du PLR...

La démocratie (semi)directe, faut la nourrir. Et le congrès du PS suisse, samedi, a décidé d'y contribuer acti-vement : lancement d'une initiative pour les crèches, lancement avec les Verts d'une initiative pour une politique énergétique et climatique équitable, opposition au financement de Frontex (attaqué par référendum), soutien à la «loi Netflix» de protection de la création cinématographique suis-se et à la révision de la loi sur le don d'organe (introduction du consen-tement présumé ), elles aussi attaquées par référendum (de droite), et enfin soutien à l'initiative syndicale pour attribuer une partie des bénéfices de la Banque nationale à l'AVS. Comme disait le vieux syndicaliste français Bergeron), on a du grain à moudre. Vu qu'on est bons comme le bon pain.