Brèves de comptoir

 Vladimir Poutine s'est entretenu au téléphone avec Bachar Al-Assad, qui lui a fait part de son soutien dans la conduite de l'«opération militaire spéciale de défense du Donbass». Entre humanistes, c'est vrai qu'il faut se soutenir.

Faut lire «Vigousse», cette semaine, même si on n'habite pas Versoix. Parce que notre Canard Enchaîné à nous répond par une ironie roborative aux tentatives de la petite ville genevoise de le faire taire après la parution de plusieurs articles dénonçant, certes durement, les «dysfonctionnements» (pour parler par euphémisme) de l'admi-nistration municipale versoisiennes, et leurs retombées sur le Conseil administratif et le Conseil muni-cipal... Le Secrétaire général de la commune et la Mairie ont porté plainte contre le journal et obtenu qu'un article soit retiré de son site internet, et qu'il n'utilise plus de termes «attentatoires à l'honneur» de la commune et du Secrétaire Général de l'administration muni-cipal, mais les plaignants et leur avocat auraient bien voulu aller plus loin, et trop loin, en demandant (certes, sans l'obtenir) que le journal n'ait plus le droit de mentionner Versoix dans ses colon-nes (mentionner un bled genevois sur la rive droite du lac, quelque part entre Genthod et Céligny, il pourrait ?). Après l'échec de cette demande absurde, l'avocat de Versoix a concédé que «Vigousse» ait certes encore le droit de men-tionner Versoix, mais exigé que ce ne pas en termes négatifs. Du coup, le journal a pris cette exigeance quasi poutinienne au pied de la lettre et consacré sept de ses pages à chanter les vertus, les mérites, la perfection d'une commune, une ville, où «tout va bien», où il n'y a «rien à signaler», où «ça baigne»... un jardin d'Eden, quoi. Et sans serpent ni pomme. Ni poire. Ni scoubidou. Bref, lisez «Vigousse», le canard du bonheur versoisien.

Dans les 24 heures qui ont suivi la reconnaissances des républiques sépa-ratistes de l'est de l'Ukraine par la Russie, l'Union Européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont acheté pour plus de 700 millions de dollars de pétrole, de gaz et de métaux à la Russie. Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, les livraisons de gaz russe (passant... par l'Ukraine) vers l'Euro-pe ont augmenté et atteint le 26 fév-rier leur plus haut niveau depuis deux mois. Or acheter du gaz, du pétrole, des métaux russes, c'est financer la guerre de Poutine, à raison de 7,5 milliards de dollars par mois. Et si on n'en achetait plus, cela provoquerait sans doute une crise énergétique en Europe, mais la Russie continuerait à en vendre à la Chine (qui en profi-terait pour baisser les prix). Alors, pendant que les bombes tombent sur les villes ukrainiennes, en Europe, on réfléchit à des sanctions sur le pétrole et le gaz, on hésite à les prononcer et on râle contre la hausse du prix de l'essence à la pompe... chacun ses dou-leurs, quoi... mais franchement, les nôtres, elles ressemblent à celles d'une grippe comparées à celles d'une peste...

La France a mis 45 ans à reconnaître que les «opérations de maintien de l'ordre» entamées en Algérie en 1954, et closes par les Accords d'Evian de 1962, étaient une guerre. Question innocente : combien de temps la Russie mettra-t-elle à reconnaître que ce dans quoi Poutine l'en engagée est bien une guerre, et pas une «opération militaire spéciale» ? Et si elle y met autant de temps que la France en a mis pour reconnaître la Guerre d'Algérie, Poutine sera-t-il au pouvoir ? En 2057 ? A l'âge de 105 ans ? 

Commentaires

Articles les plus consultés