"Une vie ici, une voix ici ": Renforcer la démocratie

 "Une vie ici, une voix ici ": Renforcer la démocratie

Voilà 50 ans, les femmes conquéraient le droit de vote et d'éligibilité en Suisse, qui figurait dans le cahier de revendication de la Grève Générale. Le suffrage devenait ainsi un peu plus «universel» -tout en restant indigène. Pour le rapprocher encore de l'universalité, renforcer la démocratie, il reste à faire un pas de plus : accorder le suffrage aux habitantes et aux habitants, quelle que soit la couleur de leur passeport.  Aujourd’hui encore, près de 1,5 millions de personnes vivant en Suisse ne peuvent pas participer aux prises de décision – et cela uniquement parce que leur passeport est de la mauvaise couleur. Le Parti socialiste suisse demande l’introduction du droit de vote et d’éligibilité pour toute personne résidant depuis plus de cinq ans en Suisse : il est grand temps ! Pour soutenir cette revendication, le PS lance une pétition nationale. On la signe ici : https://droitdevotepourtoutesettous.ch  Et surtout, à Genève, une initiative populaire constitutionnelle est lancée pour accorder aux étrangers résidant à Genève depuis au moins huit ans les droits politiques au plan cantonal dont ils disposent déjà au plan municipal, en ajoutant à ces deux niveaux le droit d'éligibilité.
On télécharge l'initiative ici : https://drive.google.com/file/d/1QMr-BJbNwtihV3S-C_LLk5jISbNZgHhl/view

"les libertés et les droits, plus on les partage, plus on les renforce"

Le Grand Conseil genevois avait refusé à une voix de majorité la proposition de la gauche et du PDC (mais abandonnée par une partie du groupe PDC) d'accorder aux étrangers établis dans le canton le droit d'éligibilité au plan municipal (où ils disposent depuis 2005 du droit de vote), et de vote et d'éligibilité au plan cantonal, où ils ne disposent d'aucun droit politique à Genève. Ce fut une sorte de victoire des partisans du "droit du sang" (la droite, dont la majorité du Conseil d'Etat) pour qui on vote quand on est suisse de naissance, ou, exceptionnellement, par naturalisation, sur les partisans du "droit du sol" (on vote là où on réside depuis des années). "Il est temps de rendre notre démocratie plus représentative", avait plaidé, en vain, la socialiste Xhevrie Osami : non, a répondu la droite, un parlement élu par moins du quart de la population est bien assez représentatif... et si, pour Pierre Vanek (Ensemble à gauche) donner le droit de vote à tous les résidents adultes est une question de démocratie élémentaire, pour la droite et la droite de la droite, c'est le début de la fin des haricots du terroir. Après cela, quand on entendra de bons esprit vous dire que le clivage gauche-droite, c'est fini. vous pourrez hausser les épaules et vous préparez à remettre l'ouvrage de la démocratie sur le métier du peuple. Après tout, il a fallu plus d'un demi-siècle, depuis la Grève Générale de 1918 qui le revendiquaitpour que les femmes les obtiennent, les droits politiques, en Suisse. Patience est mère de vertus, paraît-il. Et donc, le combat pour l'élargissement du champ des détenteurs des droits politiques reprend, par le lancement d'une initiative constitutionnelle.

Nous parlons, et l'initiative parle, des droits démocratiques. Et donc de démocratie. De pouvoir du peuple. Du peuple, pas de l'ethnie. Nous parlons aussi, et l'initiative parle aussi de légitimité et de représentativité : aujourd'hui, à Genève, seule une minorité de la population dispose des droits politiques cantonaux, et la commune est le seul espace où ces droits sont reconnus à la majorité de la population, parce qu'ils sont reconnus aux étrangers résidents depuis huit ans. C'est donc l'espace politique où les prononcements populaires, en votations, sont les plus représentatifs de la population, et donc les plus légitimes. L'initiative ajoute le droit d'éligibilité aux droits déjà reconnus au niveau de la commune, et étend tous ces droits au niveau du canton -ainsi les décisions parlementaires seront-elles aussi plus représentatives de la population, et donc légitimes. Comme elles le sont devenues lorsque les femmes ont pu y prendre part (sans qu'on limite leurs droits en ne leur accordant pas celui d'être éligibles). Et avant elles, les pauvres. Et avant eux, les catholiques : la démocratie, dans notre République comme ailleurs, a progressé pas à pas. Ce qui est proposé par l'initiative, c'est d'en faire un de plus.

Accorder des droits à celles et ceux qui n'en disposent pas n'en enlève à personne. Comme l'écrit le comité d'initiative, "les libertés et les droits, plus on les partage, plus on les renforce" : les droits et les libertés de tous étendent les miens à l'infini.

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