Achat des F-35, crédits militaires supplémentaires : Présentez, armes !

Au cours des 8 derniers mois, 100'000 citoyennes et citoyens ont fait part de leur refus l'acquisition de l'avion américain F-35 comme nouvel avion de combat de l'armée suisse, et ont signé l'initiative l'excluant (sans pour autant exclure l'achat d'un autre avion de combat, mieux adapté aux besoins de la Suisse). Mais ces 100'000 signatures ne suffisent pas :  en comptant les signatures non valables, il en fondra environ 115'000 pour que l'initiative aboutisse. Elle aboutira mais elle doit aboutir le plus vite possible, sans attendre le délai de dépôt du 1er mars 2023. Parce qu'il y a urgence :  le Conseil fédéral veut signer l'offre d'achat des avions avant le 31 mars de l'année prochaine, en dépit de la forte opposition populaire qu'expriment les signatures déjà récoltées contre cet achat, et sans attendre le verdict populaire. L'achat incroyablement coûteux du F-35 nécessite un débatqui tienne compte des aspects financiers, de politique étrangère et techniques de ce bombardier furtif. Ce débat, le Conseil fédéral, de toute évidence, n'en veut pas. Nous, si. Vous pouvez, en signant l'initiative si vous ne l'avez pas encore fait, contribuer à ce que le peuple suisse puisse voter sur l'achat de ces jets inutilisables et inadaptés : on télécharge, on signe et on renvoie la signature ici :  https://stop-f-35.ch/fr/

"une vision sécuritaire, militariste et autoritaire"

Le 9 mai dernier, la majorité de droite du Conseil national a fait cadeau de deux milliards à notre glorieuse armée: deux milliards de dépenses militaires supplémentaires, les portant à 7,3 milliards, au prétexte de l'invasion russe de l'Ukraine. ça faisait longtemps que l'hypothèse du déferlement des chars russes sur la place fédérale faisait rigoler, mais fini de rire, il faut consacrer au moins 1 % du  produit intérieur brut de la Suisse aux dépenses militaires (sans compter ses coûts indirects), voire 2 % si la Suisse devait s'intégrer à l'OTAN comme une partie de la droite le demande désormais.  La protection du climat, la protection sociale, passeront après ces dépenses militaires, (ou les paieront d'une réduction de leurs moyens, comme le réclame l'UDC). Ce cadeau aux marchands et fabricants d'armes s'ajoute donc à l'achat de nouveaux avions de combat, que le gouvernement veut accélérer pour le boucler avant que le peuple, qui en a accepté le principe d'un cheveu (50,1 % de "oui" en septembre 2020)  ait pu voter sur le choix du modèle d'avion -celui des F-35 américains. Or ce vote, et le débat qui le précédera, sont d'autant plus légitimes que les coûts prévisibles de l'acquisition et de l'usage des F-35 ont explosé (la limite de six milliards fixée par le peuple sera dépassée...), que ses défauts ont été largement confirmés, et que cette acquisition a de lourdes conséquences politiques, dans les rapports de la Suisse avec ses voisins européens.

A l'achat de nouveaux avions de combat pour plus de six milliards, et à celui du système de défense sol-air Patriot (américain, lui aussi -on n'est pas dans l'OTAN, mais c'est comme si on y était...) pour presque deux milliards, s'ajoutent donc les deux milliards de crédits militaires supplémentaires accordés par la majorité de droite du parlement fédéral.

"Notre armée est archaïque", soupirait dans la Sontagszeitung, en mars dernier, le professeur en stratégie militaire Albert Stahel : "en cas d'attaque comme celle que subit l'Ukraine, la Suisse ne tiendrait que quelques jours. Notre armée n'aurait aucune chance, car elle devrait se battre avec de vieilles armes"  : des canons antiaériens datant de 1963, des chars des années soixante et septante. Le chef de l'armée suisse était plus optimiste que le stratège : l'armée suisse pourrait tenir quelques semaines. Les deux milliards supplémentaires que les Chambres lui accordés, c'est pour une semaine de plus, le temps d'attendre que l'OTAN vienne au secours de l'Helvétie ?

Un sondage de la mi-mars, l'invasion russe de l'Ukraine ayant débuté, donnait 45 % de personnes favorables à une augmentation des dépenses militaires et 49 % de personnes opposées. Il n'y a donc pas d'approbation massive du peuple des pulsions militaires du gouvernement, mais un gros doute sur leur nécessité, voire leur légitimité, en temps d'urgences environnementale et sociale. Le Groupe pour une Suisse sans Armée appelle à la mobilisation "contre le regain d'une idéologie militariste qui s'exprime non seulement par la volonté de limiter l'accès au service civil mais aussi par la décision du Conseil fédéral de passer outre l'initiative en cours contre l'achat des F-35, afin de conclure au plus vite le contrat pour l'acquisition des avions de combat". Et le GSsA résume ainsi l'enjeu : "Au moment où les moyens financiers font défaut pour la recherche et la culture, octroyer des milliards à l’armée est un choix de société : celui d’imposer une conception du vivre ensemble fondée sur une vision sécuritaire, militariste et autoritaire".

Le GSsA organise d'ailleurs aujourd'hui  mercredi 1er juin, à l'occasion de la célébration de l'arrivée des Suisses au Port Noir en 1814 (prudents, ils avaient attendu le départ des Français), un piquet pacifique de protestation contre la hausse des dépenses militaires sur les lieux de la cérémonie officielle,  dès 17h15 (au Port Noir, quai de Cologny).

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