Fonds de tiroir

 La majorité de droite du Grand Conseil genevois n'en démord pas : elle ne veut pas de l'orthographe rectifiée dans les manuels scolaires, même si cette orthographe était adoptée (et elle l'est) par la Conférence latine des directeurs de l'instruction publique. Genève devrait donc suivre un chemin solitaire.

Et ça tombe bien, on vient de déposer au Conseil Municipal de Genève une motion «Pour la création en ville d’une Académie Genevoise et d’une Congrégation de la Doctrine de la Langue». On vous gratifie de ses invites :
«Le Conseil des Octante, ci-après Conseil Municipal :
- Appelle le Conseil des Cinq, ci-devant Conseil administratif, à oeuvrer à la fondation, à laquelle il s'engage à apporter tout son concours, d'une Académie Gene-voise, enchargée après inquisitions et contemplations sur les usages langagiers de la population, de formaliser la langue officielle de la Commune et de la République et de leurs institutions, à partir de l'usage qu'en fondèrent Messires Jean Calvin, dans la version françoise de son Institution de la Religion Chrétienne, et Sebastien Castellion, dans sa traduction françoise de la Sainte Bible;
- Puis après, appelle le Conseil des Cinq à doter cette Académie d'une Congrégation pour la Doctrine de la Langue tel qu'établie par l'Académie Genevoise, et charge ladite Congrégation d'édicter le Bon Usage céans de ladite langue et le faire asavoir si qu'à l'aventure il devienne pratique commune et que le populaire en soit dressé;
- A la parfin, donne suffisance et au Bureau et au Service du Conseil des Octante de la Ville d'émender et réécrire sans recours possible, avant transmission au Conseil et au public, toutes les propositions émanant des membres des Conseils de la Ville, tant des Cinq que des Octante, qui ne respecteraient pas meshui le Bon Usage du françois tel qu'établi par la Congrégation, si qu'il leur devînt pratique à l'avenant, de leur seul franc vouloir, naïvement et ordonnément»
Si ça n'obtient pas le soutien de la droite municipale et cantonale genevoise, c'est à désespérer, non ?

On s'est assez gaussé ici des pulsions scissipares de la gauche de la gauche genevoise pour saluer le choix de Solidarités, du Parti du Travail et du DAL de présenter une liste unitaire («Ensemble à Gauche»), et un programme commun aux élections cantonales de 2023, et de se doter de règles de fonctionnement communes. La liste unitaire était une condition pour qu'EàG puisse espérer passer la barre du quorum de 7 %  et continuer à être représentée au parlement cantonal. Bon, évi-demment, reste à régler le cas de «Résistons», une scission de Soli-darités qui selon la coalition dont elle s'est séparée «usurpe» l'étiquette «Ensemble à gauche», mais chaque chose en son temps. Et il faut lui en laisser au temps, du temps, comme disait l'autre.

Le 15 mai, les votantes et tants du canton de G'nêêêêve ont refusé, d'un souffle (50,83 % des voix, soit 1731 suffrages) la proposition de réforme du Cycle d'Orientation, soutenue par presque tous les partis (sauf l'UDC et le PLR), et fondée sur le mélange des élèves et le refus de la sélection précoce. Même avec un peu de retard, il n'est pas sans intérêt d'examiner ce résultat dans le détail. Pour constater d'abord que ce fut un vote gauche contre droite, villes contre baillages et mande-ments. Les principales communes de gauche (Genève, Carouge, Vernier) ont accepté la réforme (sauf, Onex et à quelques voix près, Meyrin, et Lancy, mais le Petit Lancy l'accepte) et en Ville, les arrondissements de  gauche l'acceptent parfois à plus de 61 %. Ensuite, que le résultat final s'explique, mécaniquement, par le déficit de participation entre les locaux de droite (qui votent plus) et ceux de gauche (qui votent moins) : le  «oui» l'emporte dans les zones les plus peuplées du canton, mais avec une participation plus basse que dans les zones moins peuplées. Moralité : si on n'est pas foutus de mobiliser notre propre électorat, faut pas s'étonner que ceux qui ont réussi à mobiliser le leur finissent par gagner. D'accord, c'est simpliste, mais c'est ça, la mécanique: simpliste. Mais incontournable.

Le 25 septembre 2022, on a votation populaire fédérale avec au menu l'interdiction de l'élevage intensif (c'est OUI), le financement de l'AVS par une augmentation de la TVA (c'est NON), le report d'un an de l'âge de la retraite des femmes (c'est NON) et l'abolition de l'impôt anticipé sur les ventes de titres (c'est NON). mais pas de votation cantonale ou municipale au menu... D'ailleurs, on attend toujours confirmation que les référendums contre l'application de l'initiative municipale «Zero Pub» et le plan localisé de quartier de Bourgogne ont abouti. Pour le second, on n'a guère de doutes. Pour le premier, on en a encore, vu qu'il semble bien que les signatures rendues aient été récoltées un peu n'importe comment...

Après étude de la charge sonore occasionnée par la circulation automobile, ferroviaire et aérienne sur la population de 724 villes européennes, dont dix-sept suisses, il s'avérerait que Berne serait la ville suisse la plus silencieuse et Genève la plus bruyante. Pourquoi ça nous surprend pas ? 69 % des habitants du canton de Genève serait exposés à un indice de niveau sonore (en moyenne journalière) de 55 décibels, soit au-dessus des valeurs maximales recommandées par l'OMS. En nombre absolu de personnes touchées, Zurich dépasse certes Genève (277'000 personnes contre 230'000), mais Zurich comptant plus du double de la population genevoise, en proportion de la population, on reste quand même les plus bruyants. D'ailleurs, on tient fermement à le rester : on a quand même une réputation à défendre, merde, quoi...

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