Fonds de troir

 Neuf rues de la Ville de Genève ont, dans le cadre du processus de féminisation des noms des rues, changé de nom, sur proposition de la Ville, soutenue par la Commis-sion de nomenclature, et ratifiée par le Conseil d'Etat. C'est ainsi que le boulevard de la Cluse est devenue la rue Louise-De-Frotté (femme de lettre du XVIIIe) et que l'esplanade Théodore de Bèze est devenue l'Esplanade Théodelinde (une reine burgonde). En revanche, la rue de Zurich ne deviendra pas rue Grisélidis-Réal : des habitant.e.s et un hôtel se sont opposés à cette renomination. Mais elle aura quand même sa rue, Grisélidis. On ne sait pas encore laquelle, la Ville devra revenir avec une nouvelle propo-sition mais il y aura une rue Grisélidis-Réal. Et tant pis si ça en hérisse certain.e.s. Ou plutôt, tant mieux : comme elle-même l'écrivit

«Bourgeois vous puez le cadavre
Prenez garde au Pauvre et au Fou
Que vous mettez sous les verrous»

Début août, on payait le litre d'essence 40 centimes de moins côté français de la frontière que côté genevois. Du coup, les automobilistes genevois se sont précipités sur les stations-service françaises pour faire leur plein. Pourquoi l'essence coûte-t-elle moins cher en France qu'en Suisse ? Parce que l'Etat paie pour qu'elle le soit : 18 centimes de remise par litre jusqu'à fin août, 30 centimes dès septembre. Et pourquoi il paie, l'Etat français ? Pour pas voir revenir les  «gilets jaunes », vu qu'en ayant laissé tomber les transports publics de proximité au profit du TGV, il a privé des millions de personnes, celles qui n'habitent ni ne travaillent dans les villes, de toute alternative à la bagnole pour aller bosser. Donc, la République française paie 18 centimes par litre d'essence pour que le frontalier de base puisse venir bosser à Genève en bagnole plutôt qu'en Léman Express, et que le consommateur genevois puisse aller faire ses courses à Annemasse, Archamp ou St-Julien en bagnole plutôt qu'en TPG. C'est très con, mais c'est comme ça. Mais un sénateur de droite de Haute-Savoie, Loïc Hervé, a trouvé malin d'en faire une polémique à la con (le MCG fait des petits de l'autre côté de la frontière...) en accusant le gouverne-ment d'aider «les riches Suisses» avec sa ristourne de 18 centimes de litre. A quoi Mauro Poggia, côté genevois, n'a pas manqué de répondre que la baisse de l'euro par rapport au franc suisse a fait augmenter de 10 % le revenu des 100'000 frontaliers français bossant en Suisse. Et d'autres rappellent que pendant des années, c'est en Suisse que l'essence était moins chère et que des milliers d'automobilistes français venaient y faire le plein. Bref, ni d'un côté, ni de l'autre, on a encore appris à vivre dans la Grande Genève. Faudrait quand même qu'on s'y mette, non ? Et qu'on se mette à se déplacer autrement qu'en bagnole d'un point genevois à un autre point genevois, non ?

La Fédération des entreprises ro-mandes (les syndicats patronaux, quoi) n'aime pas la majorité de gauche du Conseil d'Etat genevois. Et son président, l'ancien député PLR Yvan Slatkine, a appelé à voter à droite aux prochaines élec-tions : «une alliance responsable (doit pouvoir) se réaliser au second tour des élections pour mettre en échec l'Alternative qui n'a pour seul programme que des utopies». Genre justice sociale, égalité des droits et des chances, tout ça...  Ben dis donc, ça nous en bouche un coin, ça : les syndicats patronaux n'aiment pas la gauche et appellent à voter à droite ? Sans blaaaaague... 

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