Brèves Troubles

 CH++ veut «renverser la logique de la procédure d'élection des conseillers fédéraux»: sa secrétaire générale, notre camarade Olga Baranova, considère que l'importance donnée à «l'apparte-nance partisane et régionale» est excessive, qu'elle s'impose au détriment «des compétences profession-nelles et humaines» qui devraient pourtant prédominer, vu l'importan-ce des enjeux à relever, de la nécessité de comprendre les «enjeux numériques et scientifiques» et de l'importance des «connaissances en gestion de crise» et de la «capacité de bien communi-quer»: ces critères devraient «primer lors du choix de l'Exécutif». Ben dis donc, y'en a qui ne doutent de rien...

Il paraît (c'est «20 Minutes» qui nous le dit que les vignettes Panini des bobines des footballeurs du Mondial (mais aussi de l'Euro, et de certains championnats nationaux), dont la Suisse est habituellement particu-lièrement friande, se vendraient mal, à cause de la mauvaise répu-tation du Mondial qatari (mais aussi de la crise économique). Paraît mê-me que des sponsors de l'équipe nationale suisse seraient réservés à l'idée de se montrer au Qatar: l'horloger Bucherer a ainsi décidé de ne pas assister aux matches avec des invités. On parie quand même que si jamais la Suisse se qualifie pour les octantièmes de finale, tous les sponsors qui font la fine bouche rappliqueront la gueule ouverte. Le Crédit Suisse, lui, n'attend pas : il a maintenu son sponsoring. Est-ce que, par hasard, que le Qatar soit l'un de ses investisseur, expliquerait ce main-tit ? Meuh non, qu'est-ce que vous croyez, tout ça, c'est désintéresse-ment et amour du beau jeu de ballopied... Même, on se demande pourquoi la Ville de Genève n'avait pas confié l'installation de la fan zone du Mondial au Crédit Suisse...

Le canton de Zurich est l'un des trois qui ont presque toujours été représentés au Conseil fédéral, avec Berne et Vaud. Et les sections udécistes de Zurich et de Berne sont les plus grosses du parti (ces deux cantons étant les plus peuplés du pays). L'UDC présente donc, au choix, un Bernois (Albert Rösti) et un Zurichois (Hans-Ueli Vogt) à la succession d'Ueli Maurer. Mais si le favori de l'UDC et, semble-t-il, de la majorité du parlement fédéral, et notamment des Romands, le Bernois Albert Rösti devait être élu, Zurich se retrouverait pour la première fois depuis 1989 (démission d'Elizabeth Kopp), et donc la deuxième fois depuis 1848, sans Conseiller fédéral. Pire : si la socialiste Eva Herzog était élue pour succéder à Simonetta Sommaruga, y'aurait une Bâloise au gouvernement fédéral, mais plus de Zurichois. Bon, et alors ? Ben, alors rien, on vous en cause, mais c'est juste histoire de causer, pour vous intéresser un peu à la succession gouvernementale côté UDC, puisqu' on sait que seule la succession côté PS vous titille, féministes sectaires de gauche que vous êtes.

Il y aura donc peut être (à moins qu'elles fusionnent) deux listes de la gauche de la gauche aux élections cantonales genevoises: celle d'Ensemble à Gauche (EàG), qui présentait 48 candidatures au Grand Conseil en septembre, et celle de l'«Union populaire» (UP) qui en présente 53 en décembre (dont au moins deux piquées sur la liste d'EàG). Avec quelques réjouissances non prévues : ces candidats de la liste d'EàG qui passent sur celle de l'UP, des partis (le Parti du Travail, solidaritéS) qui ont des candidats sur les deux listes, des députés du groupe d'EàG au Grand Conseil qui se présentent sur la liste d'UP. Alors pourquoi deux listes différentes, quand pèse sur les deux la menace d'un quorum de 7 % des suffrages au-dessous duquel aucune liste n'obtient d'élus ? Là, c'est pas la science politique qui peut donner une réponse, mais l'éthologie.

En 2016, le responsable de la cons-truction des infrastructures nécessaires au Qatar pour accueillir le Mondial de foot, qu'il avait obtenu sans ces infras-tructures, estimait que le coût des huit stades nécessaires, dont sept nouveaux, atteindrait les dix milliards de dollars au lieu de six et demi prévus, et que le coût de l'ensemble des infrastructures (métro, routes, hôtels, ville nouvelle de Lusail, immeuble résidentiels, île artificielle etc...) atteindrait les 200 milliards. Que le Qatar, qui ne pro-duit que 0,2 % de son électricité par le photovoltaïque alors qu'il a un des plus fort taux d'ensoleillement au monde,  entend tirer de la vente de trois milliards de barils de pétrole brut, soit quatre an et demi de sa production pétrolière et un huitième de ses réserves, prévues pour durer 38 ans. Un baril de pétrole produisant au moins 317 kilos de CO2, l'investissement qatari pour le Mon-dial équivaudra à 928 tonnes de CO2, soit l'équivalent des émissions annuel-les de 201 millions de voitures parti-culières à carburant. Le Mondial puait déjà le pognon, il pue aussi le pétrole. C'est pas des fan zones qu'il fallait lui consacrer, mais des stations-services.

Le candidat bernois de l'UDC à la succession du Zurichois Ueli Maurer au Conseil fédéral a beau être le favori, il n’enthousiasme pas tout le monde. Evidemment pas les blo-chériens zurichois, genre Koeppel, qui le trouvent à la fois trop mou et trop bernois. Trop gentil. Trop sympa. Trop agréable. Trop Adolf Ogi, pas assez Tristof Blocher. Mais, pour de toutes autres raisons, Rösti, qui proteste d'ailleurs avoir «toujours défendu fidèlement la ligne du parti» et assure vouloir continuer à le faire, n'en-tousiasme pas non plus «actif-trafiC», qui a lancé une pétition «Non au lobby du pétrole au Conseil fédéral». Rösti, en effet, est rien moins que l'an-cien président du lobby pétrolier «SwissOil» et l'actuel président du lobby automobile «Auto-Suisse». Du coup, actif-trafiC demande aux parle-mentaires fédéraux «d'assumer leurs responsabilités en ces temps de catas-trophe climatique et de faire barrage à toute candidature de personnes étroi-tement liées à des industries nuisibles au climat». Comme celles du pétrole et de la bagnole. Au moins, actif-trafiC tient sa ligne: après le dégrappage du bitume, le dégrappage du Rösti.

D'entre les défauts que la droite se plaît à attribuer à la gauche, il y a celui de ne pas savoir compter. Et il faut bien admettre que quelques épisodes pourraient laisser accroire en cette faiblesse. Tenez, par exemple : au Conseil municipal de la Ville de Genève, la gauche (PS, Verts, Ensemble à Gauche est supposée être majoritaire. Mais mercredi, elle a quand même perdu un vote auquel elle tenait sur l'usage par la Ville de son droit de préemption sur un petit terrain pour pouvoir y construire des logements sociaux. Comment elle a fait pour le perdre ce vote, la gauche ? Fastoche: deux Verts sont passés à droi-te, un élu d'Ensemble à Gauche était absent, trois élus du PS, des Verts et d'Ensemble à Gauche étaient malades. Résultat : pour une voix, la gauche a perdu le vote. Bon, c'est con, mais pas bien grave, parce qu'à côté du terrain que la Ville ne pourra pas préempter, elle en possède plusieurs autres. Et puis, dans quelques mois, les groupes au Conseil municipal disposeront de suppléants à leurs élues et élus titu-laires. Et donc les absents n'auront plus toujours tort.




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