Fonds de tiroir

 L'Elan radical, vous savez ce que c'est, comme bestiau ? Ben non, c'est pas un herbivore nordique à ramure, c'est un parti politique genevois. Un microparti formé des partisans de Pierre Maudet, mais sans Pierre Maudet, puisqu'il a, lui, créé un autre parti qui ne veut pas dire qu'il est un parti mais seulement une liste électorale, «Libertés et Justice sociale», qui se présente avec lui aux élections cantonales de ce printemps. Aux-quelles se présente donc aussi l'«Elan radical», où on retrouve des nostalgi-ques du défunt parti radical, fusionné en 2012 avec le parti libéral pour donner naissance au PLR. Dont Pierre Maudet a été le grand leader, avant d'en être exclu après son voyage-cadeau à Abu Dhabi et les mensonges dont il avait tenté de le recouvrir. Nous voilà donc avec l'élan radical et le caribou maudétiste broutant sur le même électorat. Aux côtés du renne PLR, qui y broute aussi. Sans oublier la liste annoncée par l'ancien Conseiller d'Etat PDC Luc Barthassat, passé au MCG après s'être fait lourder du gouvernement par le peuple, puis devenu indépen-dant après s'être aperçu que le MCG, comme benne de recyclage des politiciens hors service, c'était pas terrible. Quant à l'Elan radical, il se donne une ambition considérable: «faire réfléchir la droite!», proclame que «les radicaux sont de retour» et questionne «maintenant, on fait quoi ?». Bonne question... rejoindre la liste d'«unité populaire» des dissidents de SolidaritéS, vous y avez pensé, tant qu'à faire ?

Le Tribunal fédéral a annulé en no-vembre dernier l'acquittement de Pierre Maudet, prononcé en appel à Genève, et contre lequel le Ministère Public avait fait recours. Maudet doit donc être reconnu coupable d'accepta-tion d'un avantage (sa petite virée à Abu Dhabi en 2015), et la Justice fixer la peine qu'il lui inflige. Cette déci-sion du TF s'applique également à l'ancien bras droit de Maudet, Patrick Baud-Lavigne, qui l'accompagnait à Abu Dhabi. Le Tribunal Fédéral considère que Maudet et Baud Lavigne étaient «conscients du caractère indu de l'avantage» qu'ils avaient accepté «et s'étaient accommodé d'en avoir bénéficié en raison de leurs fonctions officielles», et pas à titre amical et privé. Même si l'Êmirat d'Abu Dhabi ne voulait pas corrompre Maudet, il y a quand même délit : il n'y a pas besoin de corrupteur pour qu'il y ait un corrompu, et pas besoin d'un «retour d'ascenseur» pour qu'il y ait corruption. Du coup, comme c'est une décision du Tribunal fédéral, elle fait jurisprudence pour toute la Suisse, et pas seulement pour Genève, et impose des révisions des cadres légaux cantonaux là où ils ne sont pas conformes à cette jurisprudence (c'est ce que le Valais, par exemple, est en train de faire). Comme le résume Maudet lui-même : désormais, «un agent public ne peut recevoir aucun avantage, quel qu'il soit et quels que soient les motifs de celle ou de celui qui l'accorde«». Putain, il est vachement efficace, Maudet : un chti voyage à Abu Dhabi et  vlan ! dans toute la Suisse, on révise le cadre légal et réglementaire des petits cadeaux qui entretiennent les grandes amitiés...

Tout fout le camp : le 27 novembre, le Valais a accepté à plus de trois contre un une loi sur les soins palliatifs et l'assistance au suicide en institution. En clair, les résidents des EMS ont droit à une assistance au suicide. Même le très conservateur Haut Valais l'a accepté (à deux contre un). Bon, la participation est tombée à moins de 40 %, mais ça signifie tout de même que la «majorité silencieuse» n'a pas vu dans cette proposition l'annonce du règne de la Bête et un crime contre Dieu et l'Eglise. Cela dit, on n'a pas vérifié le résultat à Ecône, mais même si ça reste un bastion du Sonderbund, ça fera peur à personne. Tout fout le camp, on vous dit. 

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