Fonds de tiroir
Voilà une bestiole bien sympa-thique, qui porte un nom char-mant. Elle vit la nuit, boit le sang de ses proies après les avoir mordues. Et on l'a donc, logiquement, bap-tisée Nosfertatu. Parce que ça sonne mieux que Dracula ou Vlad Tepes. Mais c'est pas son vrai nom. Son vrai nom, c'est Zoropsis spinimana. Elle est originaire du sud de l'Eu-rope, et on la retrouve désormais en Suisse. C'est une araignée, et elle est toute petite (cinq centimètres), elle naît et grandit au printemps, se reproduit en été, et vit une année et demi. Elle n'a donc pas de temps à perdre. Et comme nous non plus, on se conten-tera de la saluer: Salut tie, Nosferatu !
On a oublié de vous en parler, mais on a perdu
il y a deux mois un homme qui a été, depuis cinquante ans,
l'une de nos références : Hans Magnus Enzensberger est mort à
Munich le 24 novembre. Il avait 93 ans. Il était né la même
année que Christa Wolf, Jürgen Habermas, Milan Kundera et
Kateb Yacine. Et de la grande crise, ventre fécond d'où surgit
la bête immonde. Ecrivain, journaliste, traducteur de Molière,
de Saint-Exupéry, de Neruda, il était aussi éditeur. Il avait
vécu le neufrage de l'Alle-magne en étant enrôlé de force dans
le Volksturm à l'âge de 16 as, il en désertera. Il choisira
l'écrit parce que «la majorité des Allemands ayant choisi de
refouler le passé, les écrivains ont dû accomplir un travail
d'éboueurs» -Il participa avec Günter Grass au Groupe 47, qui
refondera la littérature allemande après la tabula rasa du
nazisme, et fera de son intransigeance une arme contre les
mensonges, héritier en cela d'un Karl Kraus, n'hésitant pas à
fustiger le règne d'une bienpensance qui voudrait transformer
ceux qui furent «les champions du pire» sous le nazisme en
«champions du bien», de la paix, de la démocratie, de
l'écologie... Un homme qui disait avoir «toujours sur (sa)
table de travail (son) exemplaire du Discours de la servitude
volontaire» de La Boétie, et qui, quatre siècles après l'ami
de Montaigne se posait aussi «la question : comment deux,
trois ou quatre individus peut-ils arriver à faire marcher en
rangs des millions d'hommes ?», un tel homme est des nôtres
-ou plutôt : nous sommes des siens, comme nous le sommes de La
Boétie -et de cet autre référence française (il était
francophile) d'Enzensberger : Diderot.
Donc, Lausanne, comme Genève, a emprunté des
centaines de millions à la FIFA. Mais pas seulement à la FIFA.
Lausanne a par exemple réussi à emprunter... à l'aéroport de
Genève. Qui avait, lui, emprunté 200 millions au canton de
Genève. Donc, le canton de Genève prête à l'aéroport de Genève
qui prête à la Ville de Lausanne qui emprunte à la FIFA qui
prête à la Ville de Genève. Si c'est pas de l'économie
circulaire, ça... Faudrait juste que les prêts soient en Léman
pour qu'on applaudisse...
A Vernier, les opposants à l'in-terdiction de la publicité commerciale sur les panneaux d'affichage sur l'espace public, votée par le Conseil municipal, ont échoué à faire aboutir un référendum contre cette décision. Mauvais perdants, ils tentent donc de recourir devant les tribunaux. Les sociétés privée de pub Neo Advertising et SGA sont à l'origine de la démarche, à laquelle s'est rallié le Centre commercial Balexert. Que des défenseurs désintéressés de la créativité d'une liberté fondamentale, donc. Qui reprochent à l'interdiction muni-cipale de la pub commerciale d'être «indiscriminée et absolue», et donc disproportionnée, tout en accusant l'Exécutif municipal de s'arroger le droit de décider de ce qu'il est convenable ou non d'afficher, ce qui signifie bien que l'interdiction d'af-fichage n'est pas «absolue». Elle n'est pas «indiscriminée» non plus, puisque l'affichage culturel et l'affichage associatif et corporatif ne sont pas concernés par l'interdiction. En outre, un recours du même genre, et émanant des mêmes milieux, avait déjà été déposé contre la recon-naissance par le Conseil d'Etat de l'aboutissement en Ville de Genève d'une initiative populaire demandant déjà, elle aussi, l'interdiction de la publicité commerciale par affichage sur le domaine public... et ce recours avait été rejeté par le Tribunal fédéral. Les chances de la démarche vernio-lane d'aboutir sont donc très ténues, mais elle peut, si la Chambre ad-ministrative lui accorde l'effet sus-pensif de l'entrée en vigueur de l'in-terdiction de la publicité commerciale, retarder cette entrée en vigueur. Ce doit être le but de l'exercice, et il doit y avoir un peu de pognon à grappiller. On est donc bien dans un débat idéel et désintéressé... Aussi idéel et désintéressé que la publicité commerciale par affichage...
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