Fonds de tiroir

 On le redit : notre volonté d'ouvrir les piscines genevoises à toutes les tenues de bains «décentes et appropriées», ratifiée par le Conseil municipal lundi soir, avait certes quelque chose d'inclusif, mais aussi de compassionnel: il s'agissait pour nous d'aider un peu la droite genevoise, cantonale et municipale, à se sortir de la mouise (pour la gauche de la gauche, faudra trouver un autre thème que les piscine, on cherche...). La droite a annoncé un référendum contre la décision du Conseil municipal de supprimer les dispositions réglementaires spécifi-ques aux vêtures de bain féminines, parce que cette suppression laisserait la porte ouverte au burkini (et au monokini aussi, mais c'est moins porteur pour un référendum). D'où le lancement d'une croisade par l'UDC, et la disposition du PLR à s'y rallier. Les deux étaient infoutus de s'unir pour les élections, ils s'unissent pour barrer la route au tissu infidèle. Et si le PDC-Centre se rallie à cette belle alliance, et que le MCG suit, on pourra se dire qu'on aura fait ce qu'on aura pu pour que la droite s'unisse. C'est bien, un référendum, pour se refaire une petite santé, si on le fait aboutir. Alors on fera ce qu'on pourra pour, si un référendum est lancé, qu'il aboutisse et que le corps électoral municipal ratifie la décision du Conseil municipal de n'imposer dans les lieux de bains que des tenues de bains. Et si le référendum n'aboutit pas, ça sera pas de notre faute, on aura fait tout ce qu'on aura pu pour qu'il aboutisse. Mais même  s'ils se plantent, l'UDC, le PLR, voire le Centre et le MCG pourront toujours se doter de leurs propres tenues de bains, à leurs couleurs, avec leur logo. Ainsi verrait-on dans les piscines genevoises, à côté des monokinis, des bikinis et des burkinis, des libéradikinis, des udécikinis, des centrikinis, des èmecégikinis (produits, bien sûr, par des artisans locaux résidents dans le canton). 

La semaine dernière, au Conseil mu-nicipal de Genève, on avait fait un petit pas vers un peu plus de transparence sur la rémunération des élus au parlement de la commune : on avait voté en faveur de la publication sur le site internet du Conseil des montants des jetons de présence et de la nature des autres indemnités et petits privilèges des conseillères et conseillers. On ne demandait que la publication de ce à quoi elles et ils ont droit, pas de ce qu'ils et elles avaient touché en réalité. La droite n'était pas d'accord, mais comme elle est mino-ritaire, elle avait dû s'y résoudre. Au Conseil national, elle est majoritaire. Elle a donc refusé une pro-position socialiste de rendre publics les revenus tirés par les parlementaires de leurs liens d'intérêt. C'est loin,  Berne...

Samedi, c'était la journée interna-tionale du pangolin. Et il a beau avoir été suspecté (à tort) d'avoir été le transmetteur du coronavirus, on l'aime bien, le pangolin. D'abord parce que c'est un animal nocturne. Comme nous.  Ensuite, parce qu'il est menacé d'extinction. Comme nous, mais pour d'autres raisons: on le recherche et on l'abat pour ses écailles, utilisées dans la médecine tradi-tionnelle chinoise (les nôtres, tout le monde s'en fout), et pour sa viande (la nôtre n'est plus comestible). Et puis, c'est le seul mammifère écailleux, ça vous classe une bestiole, quand même. Alors on l'a célébré, samedi, le pangolin...

Après un premier débrayage le 2 novembre, les éducateurs du Centre de détention pour mineurs La Clairière, à Genève, en ont tenu un deuxième le 18 novembre et un troisième le 13 déembre, pour s'opposer à l'obligation qui leur est imposée, dès le 1er janvier 2023, de faire, dans la section «observation» de la prison, des journées de onze heures (avec une demie-heure de pause) au lieu de huit. Les négo-ciations avec la direction de l'institution et le département de tutelle (celui de la Sécurité, présidé par Mauro Poggia) sont restées au point mort, l'une et l'autre n'ent-rant pas en matière sur un amé-nagement des horaires, et la menace plane, selon les syndicats, d'un «absentéisme à grande échelle». En novembre, c'était déjà le cas: sur quinze postes prévus, seuls neufs éducateurs gèraient la section «observation», après des départs et des absences de longue durée. Le 23 novembre, ce sont les assistants et les assistantes en soins commu-nautaire qui ont fait grève (et déposé un nouveau préavis de grève pour le 15 décembre)  pour exiger la reconnaissance salariale de compé-tences et de responsabilités nouvelles qui leur ont été accordées en 2017 par une ordonnance fédérale. Leur salaire actuel, en début de carrière, tourne autour de 5000 francs, mais il correspond à une charge de tra-vail et un éventail de tâches moind-re que ceux qui sont désormais les leur, en matière de soins palliatifs, notamment. Elles et ils exigent donc de passer de la classe 10 à la classe 13 de l'échelle de traitement, le Conseil d'Etat s'en tenant à une progression en classe 11. Et à la création de deux poste supplémen-taires. Les éducateurs et les édu-catrices de la Clairière demandent quant à elles et eux une expertise externe pour «faire en sorte que M. Poggia se rende compte que n'est pas seulement nous qui pleurons sur notre sort». Poggia est, sauf surprise, en train de terminer son mandat à la tête du Département de tutelle de la Claitière. Il est donc tenté de passer le pensum à qui lui succédera dans trois mois et demi. C'est court, trois mois et demi, mais pour celles et ceux qui travaillent à la Clairièe (et ceux qui y sont détenus), c'est long, quand on leur impose des journées de onze heures... 

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