Fonds de tiroir

 On se souvient que le 21 décembre, la Conseillère nationale UDC Céline Amaudruz avait été victime d'une tentative, avortée, d'entartage, lors d'une «joute oratoire» à l'Université de Genève. Les auteurs de l'attaque l'accusaient d'être une «fasciste décomplexée», xénophobe, militariste et répressive. Par leur action, ils entendaient lui rappeler que «Genève est antifasciste et que l'UDC n'est pas la bienvenue». Céline Amaudruz a porté plainte «pour tous les étudiants de droite ou apolitiques qui craignent le diktat de certains mouvements de gauche au sein de l'Université», et pour le qualificatif de «fasciste» dont elle a été affublée, ainsi que pour les menaces proférées. L'Université, trois semaines après l'esclandre, a porté plainte contre les auteurs. Elle avait déjà annoncé qu'elle allait le faire en mai de l'année dernière lorsqu'une conférence avait été interrompue, et la conférencière contrainte au silence, mais elle y avait finalement renoncé en annonçant avoir trouvé une «solution à l'amiable» avec les auteurs d'une action qu'elle avait jugé «inacceptable». Cette solution, élabo-rée avec le syndicat étudiant, la CUAE, contenait le refus de toute for-me de violence, le respect de la liberté d'expression et le respect des personnes. Pour le Rectorat, l'attaque contre Céline Amaudruz est une violation de cet accord, qui justifie que cette fois, une plainte soit déposée. Sur le fond, on se sent parfaitement en accord avec la proclamation de la professeure de théorie politique Teresa Bejan, invitée par l'Université à donner une confé-rence sur la liberté d'expression: «les universités sont des lieux où les désac-cords sont essentiels», et doivent donc pouvoir s'exprimer librement. Ce que la CUAE proclame aussi quand elle dit «soutenir l'existence de contesta-tions politiques» à l'Université.  Reste à savoir comment l'exprimer, cette contestation. Et à ne pas oublier que les perturbations de confé-rences, de cours, de séminaires, sont aussi une tradition universitaire. Et qu'une plainte pénale n'est pas plus qu'une tarte à la crème un outil de débat.

Dans la série «les blaireaux, ça passe partout«, Dieudonné, condamné à Genève pour «discrimination raciale, diffamation et injures» (et qui a fait recours au Tribunal fédéral) pour ses saillies antisémites, et tricard dans les salles de spectacles genevoises, a quand même réussi à se produire le 7 janvier dans l'une d'entre elles, l'«Updown», sous couvert de la promotion d'un film. Or la salle refusait elle aussi d'accueillir Dieudonné. Mais comme elle ne savait pas qu'il allait se pointer et qu'elle attendait Franck Dubosc, elle n'y a vu que du feu, jusqu'à finalement s'apercevoir qu'elle s'était fait rouler -mais la salle de 450 places était déjà pleine et elle ne pouvait la faire évacuer sans risquer l'émeute. Et la prestation de Dieudonné, avec paraît-il son contenu antisémite, mais aussi (c'est nouveau) transphobe, a pu avoir lieu. En présence de son copain Alain Soral et de Lulu Barthassat (mais lui, c'était seulement parce qu'il avait vu de la lumière et qu'il était entré). Tout ça au lendemain de la fête de Rois. Des rois de quoi et de qui, on s'abstiendra de vous le préciser.

Si vous avez aimé le Mondial de foot au Qatar pour ses rejets de saloperies dans l’atmosphère : vous allez adorer la prochaine conférence de l'ONU sur le climat (la COP28): elle se tiendra dans les Emirats Arabes Unis et sera présidée par Sultan Ahmed Al Jaber, ministre émirati de l’Industrie et des Techno-logies avancées et PDG du géant pétrolier national, ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company). Les émirats étant le quatrième plus grand pollueur de la planète, par habitant. Sultan est bien ze raïteman in ze raït pléce pour présider une conférence sur le climat. Comme le serait Poutine pour présider une conférence sur la paix.


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