Brèves de comptoir

 Après le naufrage du Crédit Suisse, on s'était inquiétés de ses effets sur la caisse de retraite du personnel de la Ville de Genève et des communes genevoises, la CAP, qui, comme toutes les institutions du même genre, détenait, via ses fonds de place-ment, des actions de la naufragée. On avait donc, après avoir interrogé le Conseil administratif -qui n'avait répondu que par des généralités dénégatrices de tout effet de l’effondrement de la banque sur la caisse de retraite, écrit début août à la CAP pour lui demander plus de précisions, et, éventuellement de quoi calmer nos inquié-tudes. Légitimes, les inquiétudes, non ? La CAP, c'est-à-dire son Conseil de fonda-tion, a pris son temps pour nous répondre (quatre mois, quand même), mais nous a répondu, en détail. On résume : pour la gestion de ses placements mobiliers, la CAP dispose de deux fonds de placement gérés et administrés par une  «direction de fonds». La CAP ne gère dont pas elle-même ses placements (sauf ses placements mobi-liers). Les placements immobiliers en actions ou en obligations dans des entreprises non-désirables au sens de la Charte d'investissement  «socialement responsable» de la CAP sont  «filtrés, sous-pondérés ou exclus». Par ailleurs, la CAP  «exerce largement ses droits de vote d'actionnaire», et fait partie de Ethos, dont elle a soutenu des résolutions et, comme Ethos, a refusé d'accorder la décharge aux administrateurs de la banque (décharge toutefois accordée par les détenteurs de la majorité des actions).

Plus précisément, s'agissant des actions Crédit Suisse, la CAP en détenait jusqu'à l'annonce  de l’absorption  de CS par UBS, puisque Crédit Suisse faisait partie de l'indice SPI des actions suisses. Entre 2020 et 2022, les actions suisses (dont celles du CS) ont représenté entre 17 et 19 % de la fortune de la caisse de pension, mais la CAP a diminué de 15 % ses investissements en actions suisses en 2021, ce qui, selon le Conseil de fondation, a  «contribué à une sous-exposition aux actions du Crédit Suisse», qui ont en outre été  «sous-pondérées». En 2021, la moins-value des actions du CS a été de 1,5 million, et de 3,5 mios en 2022. En 2023, comme l'action du CS a été en partie convertie en actions d'UBS, la hausse du cours de cette dernière (près de 40 % dans les onze premiers mois de 2023)  a  «largement» compensé la baisse du cours de celle du CS. Enfin, la CAP ne détenant pas d'obligations AST1 du Crédit Suisse, elle n'a pas été impactée par l'annulation de ces obligations lors de l'absorption du CS par UBS. Enfin, le Conseil de fondation nous assure que  «les principes de notre Charte d'investissement socialement responsable ont été appliqués» et que  «la reprise du Crédit Suisse par l'UBS et la conversion de l'action n'a pas d'impact direct dans les comptes de CAP Prévoyance», quoique  «la performance très élevée de l'action de l'UBS, suite à la reprise du Crédit Suisse, a eu une contribution positive dans l'évolution constatée à fin novembre des portefeuilles en actions suisses concernés ».
Oualà. La CAP est donc une actionnaire heureuse de la plus grande banque suisse, qui s'est goinfrée sa principale concurrente. Elle a certes perdu cinq millions en deux ans sur les actions du Crédit Suisse, mais elle en a vraisemblablement gagné plus sur les actions d'UBS. Quand à savoir si ça nous rassure, et si le boursicotage est dans la mission d'une caisse de prévoyance professionnelle pour les salariés du secteur public municipal, on gardera nos états d'âme pour nous : en fin d'année, ils sont solubles dans le champagne. Pour quelques jours, en fin et début d'années, du moins.

La start-up suisse d'Avatar-Labs a lancé une application fondée sur l'intelligence(très) artificielle, et qui fait «comme si vous discutiez avec Jésus». Un Christ numérique sympa-thique, neutre et fidèle à la Bible. N'empêche, on se demande quand même pourquoi y'a pas eu dénon-ciation et plainte pénale pour blasphème par un groupe intégriste...


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