Fonds de tiroir
A Genève, c'est le Grand Conseil (voire le peuple) qui élit les magistrats et magistrates du pouvoir judiciaire, et ce sont les partis poli-tiques qui présentent les candi-datures. Du coup, comme sur les jetons de présence les députés et conseillers municipaux, les partis prélèvent une contribution sur les (hauts) salaires des magistrats qu'ils ont fait élire. Et ça plaît pas au MCG et au PLR, qui ont tenté d'interdire ce prélèvement et de laisser les contributions aux partis au libre choix des magistrats et magistrates. Mais la majorité du Grand Conseil n'a pas suivi les radelibes et les èmecégistes, puisqu'il s'avère que les partis ne donnent pas d'instruction à «leurs» magistrats, qui d'ailleurs ne leur en demandent pas. Et qu'après tout, le problème de l'indépendance de la justice ne ré-side pas dans les contributions des magistrats à leurs partis mais dans le fait que le pouvoir judiciaire est élu par le pouvoir législatif, ce qui n'est pas d'une parfaite cohérence avec le principe de l'indépendance réciproque des trois pouvoirs fonda-mentaux façon Montesquieu... mais ce serait quoi, l'alternative ? Que ce soit toujours le peuple qui élise le pouvoir judiciaire, comme il élit les deux autres (le législatif ou l'exé-cutif) ? C'était le cas naguère, mais c'était quand même les partis politiques qui présentaient les can-didates et candidats... ou alors, on fait confiance au hasard, au tirage au sort, à la main de Dieu ? Déjà que la justice, des fois, ça tient un peu de la loterie...
Le 18 janvier dernier, l'AMR, lieu emblématique
du jazz et de l'impro-visation à Genève, organisait une jam
session en «mixité choisie»: ouverte aux femmes et personnes
LGBTQIA+ mais pas «pour cette fois» aux hommes hétéros.
Hurlement de la droite de la droite (UDC, MCG) et du PLR de la
Ville, de plus en plus à sa remorque : «c'est du wokisme, vade
retro Satanas !». La «mixité choisie», c'est pourtant bien
plus pragmatique qu'une idéologie: c'est simplement,
empiriquement, le constat qu'il y a toujours quasiment partout
et pour tout, discrimination à l'encontre des femmes, des
minorités sexuelles et des genres minoritaires. Et que cette
discrimination n'a aucune autre rai-son que le refus
d'admettre d'autres genres que celui du modèle dominant. Et
donc, qu'il y a pour les personnes qui font partie de ces
groupes discriminés, besoin de se retrouver entre elles, sans
présence de personnes faisant partie du groupe dominant (les
hommes hétéros, donc). Un raison-nement évidemment
incompréhen-sible à l'UDC et à ses idiots utiles du MCG et du
PLR. Qui vont donc s'en prendre à l'AMR, et à la Ville de
Genève qui la subventionne large-ment. Parce que, finalement,
la «mixité choisie» par l'AMR, ça n'est qu'un prétexte: la
cible, c'est une politique culturelle pluraliste, qui répartit
les moyens financiers à dispo-sition entre tous les champs,
tous les acteurs, tous les lieux culturels, et toutes les
expressions culturelles qui en ont besoin. Et pas seulement
aux gran-des institutions (Grand Théâtre, OSR, Nouvelle
Comédie...). Alors, si en plus, cette politique culturelle
plura-liste est menée par la gauche, on comprend que les
secteurs les plus obscurantistes de la droite locale y soient
irréductiblement allergique. C'est son «wokisme» à elle...
C'est l'Office fédéral de la statistique qui
nous le dit, et c'est une bonne nouvelle: au sein de la
population suisse, le groupe religieux (en l’occur-rence
irréligieux) le plus important est celui des «sans religion»,
athées et agnostiques, avec 34% de la popula-tion devant les
catholiques (32 %), les protestants (21% pour l'Eglise
Ré-formée) et 6% pour tous les autres (autres chrétiens,
juifs, musulmans, religions orientales). On ne connaît pas le
nombre des fidèles du Grand Dugong. Navrante lacune, non ?
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