Clé-de-Rive : les habitants archivent le projet de parking

R.I.P

Le projet de parking "Clé-de-Rive", vendu comme un projet de zone piétonne, a été balayé (à deux contre un, aucun arrondissement de la Ville ne l'ayant soutenu) par les habitants de la Ville. C'est un message sans ambiguïté : nous voulons des zones piétonnes, nous soutenons la mobilité douce, les déplacements piétons, les parcours cyclables, les transports publics, nous ne voulons payer ni les unes, ni les autres, par de nouveaux silos à bagnoles. Le projet de parking Clé-de-Rive expédié aux archives par les habitants y attend désormais celui de traversée routière de la rade ou du Petit-lac. Et le quartier de Rive, lui, attend un nouveau projet. Il existe : c'est celui défendu par une initiative municipale qui a abouti : une vaste zone piétonne, sans parking supplémentaire, sans "hub" de transports publics.
Bref, là encore, on peut reprendre le mot d'ordre d'Yvette Jaggi qu'on reprenait déjà hier à propos de l'élection partielle au Conseil d'Etat: "c'est pas le moment de mollir"...

Le temps des compromis vérolés est révolu.

Les habitantes et habitants de la Ville de Genève veulent des zones piétonnes, et ne veulent plus de parkings au centre. Et ça tombe bien, non seulement tous les groupes politiques du Conseil municipal ont clamé en choeur qu'ils étaient favorables à la piétonisation du centre, mais de plus une initiative populaire municipale a abouti il y a six mois, qui le porte, ce projet d'un véritable centre-ville piéton... sauf qu'on est dans un canton qui cultive, depuis que le régime français les a instituées, une méfiance quasi reptilienne à l'égard des communes en général, et de la Ville en particulier, et tient mordicus à être seul maître de la politique des transports et des voies de circulation, et que si la majorité populaire, parlementaire et exécutive est en Ville de Genève totalement favorable à la mobilité douce et aux aménagements nécessaires pour la promouvoir, tel n'est pas le cas au Conseil d'Etat (du moins tant que Fabienne Fischer n'y aura pas été élue) et au Grand Conseil, ni même systématiquement au sein de l'électorat cantonal.  L'initiative municipale doit encore être approuvée par la Chancellerie (c'est-à-dire, de facto, le Conseil d'Etat). Si elle l'est, elle passera devant le Conseil municipal : s'il l'accepte, elle sera concrétisée directement par une délibération proposée par le Conseil administratif; s'il ne l'accepte pas, elle sera soumise telle que rédigée au peuple de la Ville. En attendant quoi, le Conseil municipal peut (la proposition lui en sera faite demain) débloquer des moyens pour étudier ce qui peut déjà être fait, dans un périmètre plus réduit que celui proposé par l'initiative.

Et puis, il faudra bien s'atteler aux lois cantonales qui maintiennent un principe de compensation en sous-sol des places de parking supprimées en surface. La loi pour une mobilité cohérente et équilibrée (LMCE), approuvée en 2016 par 68 % des votantes et des votants, prévoit de donner priorité à la mobilité douce et aux transports publics au centre-ville (zones 1 et 2) , ce qui, forcément, implique de restreindre l'espace dévolu à la circulation automobile. La politique de stationnement est l'un des instruments de cette ambition, et la loi permet de supprimer de 10 à 20 % des places de stationnement dans l'hypercentre. En septembre dernier, la règle de compensation des places supprimées en surface par des places en sous-sol a encore été assouplie. On pouvait donc parfaitement se passer de construire un nouveau parking souterrain dans une zone qui en regorge déjà, et on peut désormais travailler sur un véritable projet de zone piétonne autour de Rive.

"L'époque où l'on concilie tous les besoins, c'est terminé", résume Sami Kanaan. Comme on n'est pas Maire de Genève, on peut être un peu plus brutal : le temps des compromis vérolés, genre "si vous voulez une zone piétonne, acceptez notre parking" (ou "si vous voulez soutenir l'AVS, relevez l'âge de la retraite"), ce temps-là est révolu, et vient, enfin, le temps des choix clairs. Comme celui qu'ont fait les Genevois et voises dimanche.

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