Fonds de tiroir
La FNAC avait été exclue de l'opération des «bons d'achat solidaires» lancée par la Ville de Genève, et relancée en janvier. La Ville estimait qu'une enseigne fai-sant partie d'un groupe inter-national riche à milliards ne pouvait se faire passer pour un commerce local ayant besoin d'un soutien spécifique -celui offert précisément par les «bons d'achat solidaires», achetés par les clients avec un rabais de 20 % sur leur valeur nominale, la différence étant prise en charge par la Ville. La FNAC n'avait pas apprécié d'être exclue de l'opération, et avait fait recours contre son exclusion. La Chambre administrative de la Cour de Justice lui a donné raison, au nom de l'égalité de traitement entre tous les commerces de la Ville. Faut dire qu'exclure la FNAC mais accepter Manor ne semblait pas d'une cohérence à toute épreuve. La FNAC a été réintégrée dans le réseau des bons d'achat. Quatre jours avant la fin de l'opération. C'est tellement plus beau quand c'est inutile...
Lors du vote du budget de la Ville de Genève pour 2021, le Conseil municipal a accepté de prélever sur un fonds (le fonds Zell) voué à soutenir financièrement l'action du Service social de la Ville en faveur des personnes âgées, 960'000 francs pour soutenir deux institutions (la Nouvelle Roseraie et Trajets) actives auprès des personnes âgées. Comme le soutien à ces deux institutions était auparavant assumé directe-ment sur le budget de la Ville, le faire assumer par le fonds Zell a permis d'affecter, avec l'accord du Conseil municipal, une somme équivalente à l'action sociale d'urgence, et plus précisément à l'hébergement des sans-abris. Jusque là, pas de problème. Sauf qu'en temps de covid et de vacance politique (vacance devant ici être pris au sens étymologique : un vide), on se fait mousser avec ce qu'on peut. Et donc un Conseiller municipal PLR passé à l'UDC est allé dénoncer un «détournement de fonds» parfaitement imaginaire auprès de la Surveillance des communes (le SAFCO), ce qui a ému un Conseiller d'Etat socialiste et permis de bidouiller une bonne petite polémique bien crapoteuse : utiliser un fonds destiné à financer une action sociale pour les personnes âgées afin de financer une action sociale pour les personnes âgées, c'est frauduleux. Faut-y qu'on se fasse chier à G'nêêêve en ce moment pour perdre son temps à ce genre de conneries...
On vient de se goinfrer le copieux menu des
votations d'hier (on en rote encore quelques plats) qu'on
apprend que dans trois mois le 13 juin, on se prononcera sur
pas moins de cinq objets fédéraux (sans compter les cantonaux
et municipaux) : deux initiatives anti-pesticides, la lopi
Covid, la loi sur le CO2 et la loi sur les mesures de lutte
contre le terrorisme. Entre citoyen.ne dans ce pays, c'est du
sport d'endurance.
La Banque nationale suisse a fait un bénéfice de 21 milliards de francs en 2020 (elle en redistribuera quatre aux cantons et deux à la Confédération. Après quoi, il lui restera 91 milliards de réserves de change, et 1040 tonnes d'or. Alors, les pauvres, on respire mieux ?
«Le Conseil d'Etat est minoritaire, il doit
démissionner !», proclame fièrement la dernière née des
formations de la gauche de la gauche genevoise, «Résistons !».
Qui ne doute pas de la puissance de ses injonctions : comment
le Conseil d'Etat pourrait-il résister à «Résistons !» ? Donc,
«Résistons !» attend une démission collective du gouvernement
cantonal, suivie d'une élection générale, vu qu'à l'occasion
de l'élection complémentaire au Conseil d'Etat, «les partis
gouvernementaux recueil-lent au total 45 % des suffrages»
(ceux obtenus par Fabienne Fischer, candidate des Verts et du
PS et par Cyril Aellen, candidat du PLR et du PDC). Prochaine
étape : la prise de la Tour Baudet) après que, depuis le
bateau «Genève» déguisé en croiseur équipés de canons de
l'arsenal, des salves aient été tirées à blanc ?
La même formation politique («Résistons !») voit dans le
résultat du premier tour de l'élection une confirmation de la
justesse de sa proposition d'une candidature «unitaire forte
capable de rassembler la gauche populaire contre les
iné-galités sociales, l'inégalité femmes/hommes, la
destruction catastro-phique de l'environnement, pour la
défense des services publics et des prestations». Bref, une
candidature de la gauche de la gauche. Sauf qu'il y en avait
bien une : celle de Morten Gisselbaek, présenté par le Parti
du Travail. Qui a obtenu 5 % des suffrages en n'étant soutenu
ni par SolidaritéS, ni par «Résistons !». Et dont le parti
appelle à voter pour la candidate des Verts et du PS au second
tour, pour contrer Pierre Maudet et le candidat de l'UDC, Yves
Nidegger. On attend la dénon-ciation de cette coupable
compro-mission par la nouvelle formation de la gauche de la
gauche. La vraie, la populaire, la pure, la seule.
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