Brèves de comptoir

 Les locataires suisses sont de bonnes poires : ils ont payé 78 milliards de trop à leurs bailleurs entre 2006 et 2021, selon le Bureau d'études de politique du travail et de politique sociale, le BASS. Ces 78 milliards, c'est la différence entre ce qu'ils auraient dû payer si on n'avait pris en compte pour la fixation des loyers que les facteurs pertinents selon le droit du bail, et ce qu'ils ont payé en réalité et en moyenne : 200 francs de loyer en trop chaque mois pendant seize ans, soit 15 % des loyers nets. Théoriquement, les locataires peu-vent, bien sûr, se défendre pour contester une hausse de loyer ou exiger une baisse, mais ile ne sont qu'une minorité à user de ce droit. Question de rapport de force entre eux, les proprios et les bailleurs. Et de peur des mesures de rétorsion. Quant aux milieux immobiliers, ils font dans l'idéologie pour se justifier : «le logement est un bien particulier, mais il s'inscrit dans un système juridique libéral». C'est compris, les gueux ?

Le Conseil d'Etat de Genève, sur préavis de la Commission cantonale de Nomenclature, a accepté neuf des quatorze nouvelles propositions de la Ville de Genève de féminisation des noms de rues, dans le cadre d'un processus entamé en 2020, quand seules 7 % des rues genevoises portant des noms de personnes, portaient des noms de femmes. En septembre 2021, dix rues avaient déjà été renommées -ce qui avait suscité une joyeuse polémique clochemerlesque, dont on espère bien assister à la renaissance, tant elle fut jouissive. Donc, la Ville a proposé de renommer quatorze lieux. Le Conseil d'Etat a accepté neuf de ces propositions, a suspendu sa décision sur une dixième (renommer le chemin Galiffe en chemin Annie Jiagge), a invité la Ville a faire de nouvelles propositions pour accorder les noms de Grisélidis Réal (écrivaine et prostituée) et Henriette Saloz Joudra (médecin) à des rues, et a refusé deux  propositions de nouveaux noms, celui de George Eliot (écrivaine) et d'Elise Cabossel (syndicaliste). Enfin, le chemin Colladon ne changera pas de nom et continuera donc bêtement à porter le nom d'un type dont le seul titre de gloire pour que son nom soit donné à une rue fut d'avoir été propriétaire d'une villa dans le coin, plutôt que le nom d'une magistrate défenseuse des droits des femmes, Annie Jiagge. On ne vous donnera pas ici tous les nouveaux (et anciens) noms de rues, zavez qu'à vous référer au communiqué de la Ville disponible sur le site internet de la Ville. On se contentera d'en saluer deux : la rue du midi deviendra la rue Julia-Chamorel. Julia Chamorel, écrivaine et militante, c'est l'auteur d'un petit livre qui nous avait réjoui, «la cellule des écoliers», qui raconte ses années de militante de la jeunesse communiste à Genève dans les années trente. Et l'esplanade Théodore-de-Bèze (qui a déjà sa rue) deviendra l'esplanade Theodelinde. Une reine burgonde dont on avoue humblement qu'ignorait l'existence, mais dont le nom donné à un lieu de la ville rappelle que Genève après avoir été allobroge et romaine, et avant de devenir franque, puis savoyarde, fut une ville burgonde. Toute une grande histoire de petits remplacements successifs, quoi...

On a reçu le premier numéro du nouveau mensuel de gauche, «Voix Populaire», digne héritier de «Gauchebdo», elle-même héritière de la «Voix Ovrière» : il est très beau, ce nouveau mensuel, et très belle son ambition de «redonner son im-portance au terme décrié d'«"opinion"». Abonnez-vous, merde !

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